Parcours interdisciplinaires

Résultats des parcours interdisciplinaires

Dans ce dossier

© Lucile Garçon

L’activité pastorale est aujourd’hui au cœur de questionnements quant à ses formes futures, à son inscription au sein des territoires et à sa place dans les socio-écosystèmes. Cela est particulièrement le cas dans les régions de montagnes méditerranéennes qui au cours des dernières décennies ont basculé vers une économie résidentielle et touristique, sont confrontées à une forte expansion forestière et aux effets du changement climatique.

Mesures de bois mort. Cauterets, Parc National des Pyrénées © Pierre Lapenu

Les zones de montagne sont particulièrement sensibles à l’effet conjoint des changements climatiques et des changements d’usages. En effet, le climat des zones de montagne se réchauffe à une vitesse plus rapide que les autres régions et en Europe, les montagnes ont connu une reforestation importante au début du siècle. Ces changements ont déjà conduit à des réorganisations importantes de la biodiversité qui ont eu des conséquences pour les fonctions et services rendus par les écosystèmes de montagnes. Les changements climatiques futurs devraient amplifier ces réorganisations.

Les prairies diversifiées sont potentiellement capables de mieux résister aux sécheresses et de mieux exploiter les pluies d’automne que des prairies pauvres en espèces © Frédéric Joly - INRAE

Comprendre le lien entre biodiversité et niveau de fourniture des services écosystémiques est complexe car cette relation n’est pas linéaire ni unidirectionnelle. Cela est notamment dû au fait que la biodiversité est plus souvent quantifiée par la richesse en espèce, que par la diversité fonctionnelle. Aborder la biodiversité par différentes métriques est une piste pour mieux comprendre ce lien.

Photo d'oiseau © wal_172619 - Pixabay

La trame dite de « vieux bois » est constituée d’éléments favorables à la biodiversité forestière, notamment celle qui dépend du bois mort pour une partie de son cycle de vie. Par exemple, les cavités de pic noir et la maturité forestière caractérisée par des éléments liés au vieillissement des arbres et à l’absence d’exploitation (bois mort, gros arbres), sont des facteurs essentiels pour la conservation de nombreux taxons forestiers. L’évaluation de l’état de conservation des habitats forestiers repose sur des méthodes principalement indirectes (bioindicateurs, indices structuraux et composition). En ce qui concerne les espèces à enjeux, la contribution des éléments de structure forestière à l’état des populations est assez mal connue et, de fait, le lien entre conservation des habitats naturels et conservation d’espèces reste relativement méconnu, en particulier les rôles respectifs des cavités de pic noir comme microhabitats et de la maturité forestière.

Lac envahi par de la Jussie © Alain Dutartre (Irstea)

La gestion des espèces exotiques envahissantes pose des problèmes complexes relevant d’approches interdisciplinaires couplant écologie et économie. Les outils bio-économiques d’aide à la décision sont encore peu développés et les modèles existants souffrent notamment d’un manque de réalisme écologique, d’une complexité importante les rendant peu applicables à des cas concrets et d’une relative déconnexion avec les problématiques et besoins rencontrés par les gestionnaires de milieu. Ils fournissent généralement des résultats généraux ayant relativement peu d’impact sur le terrain.

Émergence des graines contenues dans des échantillons de sols viticoles méditerranéens © M. Faucher

L’intensification agricole a dégradé les écosystèmes et il est désormais nécessaire de mieux prendre en compte le rôle écologique de la biodiversité dans les agrosystèmes et les services écosystémiques. Depuis deux décennies, les vignobles améliorent leur gestion durable en en privilégiant les plantes de couvertures en inter-rangs pour limiter l’érosion des sols, une gestion extensive des bordures de parcelles, des réseaux de fossés. Ces pratiques maintiennent une végétation spontanée, source de nombreux services écosystémiques dont par exemple la régulation des écoulements, la maîtrise de l’érosion hydrique ou la rétention des polluants organiques. Ceci est un enjeu majeur notamment dans les vignobles méditerranéens pour lesquels le changement climatique risque d’accentuer les épisodes pluvieux intenses.

La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), une des espèces cibles du projet ADORE © Stéphane Etienne - Pixabay

Le dernier rapport de l’IPBES (2022) fait le constat alarmant que la biodiversité continue de décliner au niveau mondial. Dans les milieux agricoles, l’intensification des pratiques est la principale pression associée à ce déclin. De nombreuses initiatives ont été lancées en Europe pour accompagner les agriculteurs motivés pour accueillir une riche biodiversité sur leur ferme. Les Mesures Agro-Environnementales (MAE) de la PAC sont « orientées vers l'action » et s’accompagnent de moyens financiers incitatifs pour les agriculteurs s’engageant dans de « bonnes » pratiques. Cependant leur efficacité est controversée. Ces démarches étant principalement guidées par une « logique de moyens », certains scientifiques suggèrent de les orienter clairement vers la fourniture de résultats concrets. En d’autres termes, conditionner les paiements à l'obtention de résultats. Ne faut-il pas s’y prendre autrement pour préserver la biodiversité ? Ne vaudrait-il pas mieux penser et agir selon une « logique de résultats » ?

De nombreux travaux montrent le rôle central joué par les systèmes agricoles dans l’effondrement de la biodiversité. L’évaluation de la performance des systèmes agricoles en termes de maintien de la biodiversité constitue une étape indispensable pour accompagner leur transition agroécologique. Or, les indicateurs de biodiversité prédictifs sont peu nombreux, en particulier au niveau du paysage, qui est pourtant le niveau le plus adapté pour évaluer l’effet des systèmes agricoles sur la biodiversité (NIVA-Biodiversité en est un).

Photo d'un xylophages Agrilus © Bouget

Depuis plusieurs décennies, en raison du déclin rapide et alarmant de la biodiversité, la surveillance des changements environnementaux est devenue un enjeu crucial. Les méthodes classiques de suivi de la biodiversité ne sont plus adaptées et il est nécessaire d’envisager une automatisation de la collecte d’échantillons par images, vidéos et sons.

prélèvement dans un lac aquitain © Aurélien Jamoneau

Le rôle de la diversité génétique dans le maintien de la diversité des espèces et le fonctionnement des écosystèmes est maintenant reconnu. Face aux changements environnementaux, cette diversité contribue largement à la résilience des écosystèmes comme aux capacités d'adaptation des espèces. Intégrer la diversité génétique au sein des espèces est par conséquent essentiel afin de déployer des actions de gestion et de conservation. Les lacs et étangs du littoral aquitain, écosystèmes uniques à l’échelle nationale et européenne, hébergent une diversité biologique végétale importante aujourd’hui fortement menacée.

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