Réseaux d'Interactions

Réseaux d'Interactions

Comprendre les effets des interfaces entre milieux et de l’hétérogénéité des territoires sur la biodiversité et les réseaux de services écosystémiques par l'analyse des réseaux d'interactions...

Dans ce dossier

prélèvement dans un lac aquitain © Aurélien Jamoneau

Le rôle de la diversité génétique dans le maintien de la diversité des espèces et le fonctionnement des écosystèmes est maintenant reconnu. Face aux changements environnementaux, cette diversité contribue largement à la résilience des écosystèmes comme aux capacités d'adaptation des espèces. Intégrer la diversité génétique au sein des espèces est par conséquent essentiel afin de déployer des actions de gestion et de conservation. Les lacs et étangs du littoral aquitain, écosystèmes uniques à l’échelle nationale et européenne, hébergent une diversité biologique végétale importante aujourd’hui fortement menacée. Améliorer la connaissance génétique des communautés les composant fournira un support permettant d'améliorer leur gestion.

Canton d'Aurignac - ZA eLTER Pyrénées Garonne © Luc Barbaro

Les paysages ruraux français ont été profondément modifiés sous l’effet conjoint des changements globaux, climatiques et socio-écologiques, entraînant une recomposition des liens entre biodiversité et systèmes de cultures et d’élevage. Pour mieux quantifier les dynamiques socio-écologiques à l’origine de ces changements, il est nécessaire d’utiliser des métriques intégratives rendant compte de la complexité des relations entre pratiques agricoles, hétérogénéité du paysage et biodiversité. La dimension sonore de la biodiversité a fait l’objet d’avancées conceptuelles et méthodologiques importantes avec l’émergence de l’écoacoustique des paysages et des indices de diversité acoustique permettant de quantifier simultanément les sons d’origine biologique et anthropique.

Mesures de bois mort. Cauterets, Parc National des Pyrénées © Pierre Lapenu

Les zones de montagne sont particulièrement sensibles à l’effet conjoint des changements climatiques et des changements d’usages. En effet ; le climat des zones de montagne se réchauffe à une vitesse plus rapide que les autres régions et en Europe, les montagnes ont connu une reforestation importante au début du siècle. Ces changements ont déjà conduit à des réorganisations importantes de la biodiversité qui ont eu des conséquences pour les fonctions et services rendus par les écosystèmes de montagnes. Les changements climatiques futurs devraient amplifier ces réorganisations.

Photo d'oiseau © wal_172619 - Pixabay

La trame dite de « vieux bois » est constituée d’éléments favorables à la biodiversité forestière, notamment celle qui dépend du bois mort pour une partie de son cycle de vie. Par exemple, les cavités de pic noir et la maturité forestière caractérisée par des éléments liés au vieillissement des arbres et à l’absence d’exploitation (bois mort, gros arbres), sont des facteurs essentiels pour la conservation de nombreux taxons forestiers. L’évaluation de l’état de conservation des habitats forestiers repose sur des méthodes principalement indirectes (bioindicateurs, dynamique de station forestière). Or pour les espèces à enjeux, la contribution des éléments de structure forestière à l’état des populations est mal connue. Il est donc difficile de mesurer l’effet de mesures de conservation des habitats naturels sur la conservation d’espèces patrimoniales.

Paysage avec cours d'eau © N. Bonada

Les eaux douces, hotspots de biodiversité et supports majeurs de services écosystémiques, sont parmi les écosystèmes les plus menacés sur Terre. Les mesures de gestion de ces écosystèmes ont classiquement été pensées à des échelles locales, sans nécessairement prendre en compte la variabilité paysagère dans les plans d’action, ce qui a souvent limité le succès de ces mesures. Aujourd’hui, notre compréhension de la façon dont la biodiversité et les services écosystémiques sont organisés dans ces environnements dynamiques a considérablement progressé, notamment grâce à l'émergence des concepts de métacommunautés et méta-systèmes, formalisant les processus et dynamiques spatio-temporelles des communautés et des écosystèmes. Or, l’apport de ces concepts dans le domaine des services écosystémiques en milieu aquatique n’a pas encore été formalisé, testé ni traduit en outils de gestion.

photo champ avec des arbres © INRAE

Nos paysages ont été et continuent d'être profondément modifiés sous l'effet des changements d'usages du sol et des pratiques de gestion, entraînant une redéfinition des relations entre la biodiversité et ces pratiques de gestion. Cependant, les leviers d'actions pour la conservation de la biodiversité sont souvent raisonnés au niveau local (site ou parcelle) en recherchant des pratiques plus respectueuses de la biodiversité. Cette vision locale n'est pas suffisante pour tenir compte de la dynamique des flux biotiques et abiotiques et des interactions entre les éléments de la mosaïque paysagère, pourtant essentiels au fonctionnement des écosystèmes. Malgré les progrès conceptuels récents de l'écologie des paysages, l'enjeu actuel demeure de passer d'une vision de gestion à l'échelle locale à une vision d'aménagement (à but de conservation) à l'échelle des paysages anthropisés.

Lithurgus cornutus femelle © Remi-Rudelle

Il existe plus de 20 000 espèces d’abeilles sauvages dans le monde et près de 1000 en France qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des végétaux sauvages et cultivés. Cette grande diversité d’espèces d’abeilles qui se différencient les unes des autres en termes de morphologie, de mobilité, de préférence florale, de sites de nidification et de période de vol, rassemble des pollinisateurs irremplaçables qui sont aussi aujourd’hui menacés. Pour enrayer ce phénomène, il est important d’évaluer les facteurs (pratiques agricoles, gestion des territoires etc..) ayant un impact sur la santé des abeilles domestiques (résistance au varroa par exemple) mais aussi sur l’abondance et la diversité des abeilles sauvages.

Illustration des liens entre le milieu terrestre et le milieu aquatique en tête de bassin versant agricole (site atelier Ardières-Morcille, Beaujolais) © INRAE Motte

La prise en compte de continuums environnementaux et des zones d’interface pour l’étude et la gestion des écosystèmes gagne progressivement en intérêt dans les sphères scientifiques et opérationnelles. Dans ce contexte, le rôle du continuum sol-milieu aquatique dans le maintien de la biodiversité et de la fonctionnalité des milieux (fonctions et services écosystémiques) est souvent questionné. Cependant, force est de constater que ce continuum est encore très peu étudié. Ce constat s'explique notamment par le cloisonnement des recherches par type de milieu (écologues terrestres et aquatiques ne travaillent que très rarement ensemble) et par des limites scientifiques, tant d’un point de vue conceptuel que méthodologique (en particulier en termes de dispositifs expérimentaux qui intègreraient les compartiments terrestres et aquatiques).

© Lucile Garçon

Le pastoralisme est objet d’attentes sociétales articulant production de biens alimentaires et maîtrise de dynamiques écologiques contribuant à la durabilité du socio-écosystème des régions méditerranéennes. Il est toutefois objet de fortes remises en cause, posant la question de ses formes futures et relations aux autres activités des territoires, en particulier dans le cadre des recompositions territoriales (basculement vers une économie résidentielle et touristique, expansion forestière, changement climatique…).

Les abeilles de cette ruche butinent les ressources florales de paysages façonnés par l'élevage pastoral (Mont Lozère, Parc National des Cévennes) © Cécile Barnaud

Sous l’effet de l’évolution des pratiques agricoles, du changement climatique et de l’augmentation du nombre d’apiculteurs et de ruchers, des tensions autour de ces ressources florales commencent à émerger. Longtemps considérées comme illimitées, ces ressources florales semblent être l’objet d’une certaine compétition, à la fois inter-spécifique entre abeilles sauvages et domestiques et intra-spécifique entre abeilles domestiques. Ceci amène à considérer ces ressources florales comme un bien commun à gérer collectivement, en associant non seulement les apiculteurs et les gestionnaires de la biodiversité, mais également les agriculteurs qui façonnent ces paysages et dont les pratiques influencent la disponibilité des ressources florales.

  • 1 (current)