La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), une des espèces cibles du projet ADORE © Stéphane Etienne - Pixabay
ADORE - Résultats

ADORE - Outiller la restauration de la biodiversité dans les exploitations agricoles : application d’une démarche à logique de résultats

Le dernier rapport de l’IPBES (2022) fait le constat alarmant que la biodiversité continue de décliner au niveau mondial. Dans les milieux agricoles, l’intensification des pratiques est la principale pression associée à ce déclin. De nombreuses initiatives ont été lancées en Europe pour accompagner les agriculteurs motivés pour accueillir une riche biodiversité sur leur ferme. Les Mesures Agro-Environnementales (MAE) de la PAC sont « orientées vers l'action » et s’accompagnent de moyens financiers incitatifs pour les agriculteurs s’engageant dans de « bonnes » pratiques. Cependant leur efficacité est controversée. Ces démarches étant principalement guidées par une « logique de moyens », certains scientifiques suggèrent de les orienter clairement vers la fourniture de résultats concrets. En d’autres termes, conditionner les paiements à l'obtention de résultats. Ne faut-il pas s’y prendre autrement pour préserver la biodiversité ? Ne vaudrait-il pas mieux penser et agir dans une « logique de résultats » ?

Démarches

ADORE  La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), une des espèces cibles du projet ADORE © Stéphane Etienne - Pixabay

Dans le domaine de la qualité de l'eau, une démarche de gestion adaptative à logique de résultats a été testée avec succès dans une aire d’alimentation de captage concernant plusieurs dizaines d’agriculteurs. ADORE a cherché à adapter cette méthode au service rendu par l’agriculture à la biodiversité à l'échelle de l'exploitation agricole de l’unité expérimentale INRAE de Saint-Laurent de la Prée (située dans les marais de Rochefort-sur-Mer, en Charente-Maritime).

La démarche, pluriannuelle, consiste à enchaîner des cycles annuels - composés de quatre étapes : 1. mise en œuvre ; 2. monitoring des espèces cibles, de leurs habitats et des pratiques agricoles réalisées ; 3. Analyse collective résultats et apprentissages ; 4. re-conception du projet pour l’année suivante.

Pour les 11 espèces « cibles » choisies, l’abondance attendue de l’espèce, l’habitat nécessaire à cette espèce et enfin les pratiques proposées pour obtenir cet habitat et cette abondance ont été définis. Cette logique d’action a été traduite sous la forme de tableaux de bord permettant d’afficher la logique d’action au départ, d’organiser les observations à réaliser (monitoring) pour connaître les résultats obtenus et les pratiques effectivement réalisées, pour analyser ces résultats et notamment comprendre, le cas échéant, la non obtention des résultats escomptés.

Résultats

Premiers résultats sur la ferme expérimentale

ADORE a permis l’analyse des trois premières années d’application de la démarche sur la ferme (2021, 2022 et 2023) qui montre des résultats variables selon les espèces cibles :

  • Succès très rapide pour l'Alouette des champs en laissant des bandes non fauchées dans les prairies ou les luzernes,
  • Peu de Vanneau huppé malgré un habitat favorable lié dans doute à l’évolution générale des populations de ce migrateur,
  • Pour la Rousserolle effarvatte, ni les habitats souhaités, ni les abondances attendues n’ont pu être obtenus.

 

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Exemple du tableau de bord « résultats » de 2023 de l’Alouette des champs. Une case colorée en vert signifie que le résultat est atteint, en orange qu’il est moyennement satisfaisant.

Résultats de l'enquête auprès d'agriculteurs : prise en compte de la biodiversité

La biodiversité n'est pas vue comme un atout économique pour l’exploitation : en général, les agriculteurs n’en attendent pas de plus-value pour leur chiffre d’affaires.

Le parcours personnel de l’agriculteur (sa formation) semble influencer la nature de la biodiversité prise en compte (« écosystème » versus quelques espèces perçues d’intérêt fonctionnel ou non) et être un élément fort du niveau de raisonnement des pratiques pour conserver la biodiversité.

Si on souhaite intégrer la conservation de la biodiversité comme un objectif de l’exploitation agricole (au même titre que la production), les agriculteurs devraient être amenés à s'approprier des connaissances et les re-contextualiser. Mais passer d’une biodiversité « imposée » à une biodiversité « appropriée » suppose alors de pouvoir l’observer et de disposer d’indicateurs de gestion pour accompagner l’action.

Une production de résultat originale

Sketchnote – Préserver la biodiversité sur les fermes : et si nous pensions et agissions dans une logique de résultats ?

Participants

Structures INRAE

  • UE Saint-Laurent-de-la-Prée - Unité expérimentale de Saint-Laurent-de-la-Prée
  • UMR SADAPT - Sciences pour l'action et le développement : activités, produits, territoires
  • UR EABX - Unité de recherche Écosystèmes aquatiques et changements globaux
  • UE Ferlus - Unité de recherche Fourrages, environnement, ruminants
  • UMR Agronomie - AgroParisTech / Université Paris-Saclay

Partenaires externes

 

Contacts - coordination

 

Voir aussi

La présentation des premiers résultats et le diaporama à télécharger (webinaire1_Adore)

Pour en savoir plus : consultez le bilan scientifique et retrouvez les principales publications sur le HAL BIOSEFAIR