PASTOFUTUR - Analyser l’élevage pastoral au prisme de ses multifonctionnalités et services écosystémiques associés pour renforcer l’action publique

Les activités pastorales s’exercent sur des espaces le plus souvent objets de multiples usages. Elles doivent composer avec des injonctions qui peuvent s’avérer contradictoires : maintenir une production de biens alimentaires, contribuer à la conservation d’espèces et de milieux emblématiques, à la gestion de risques naturels ainsi qu’à la maîtrise des dynamiques paysagères et d’occupation des sols sur des territoires à l’interface entre espaces agricoles, pelouses et milieux forestiers. Le tout dans un contexte de changement climatique auquel elles doivent faire face.

Démarches

Le collectif de chercheurs INRAE et CIRAD a conduit une recherche participative sur le territoire de la Communauté de Communes Alpes – Provence – Verdon pour aider à l’identification d’actions en faveur d’une inscription pérenne des activités pastorales au sein du territoire en articulation avec les autres activités présentes.

Cette recherche a alterné des entretiens particuliers avec des acteurs, institutions et collectifs concernés par le futur de l’élevage pastoral dans le territoire et des ateliers, mobilisant une large gamme d’acteurs concernés par le multiusage impliquant des activités pastorales et permettant d’initier la co-construction de solution facilitant ce multiusage.

Résultats

Les résultats principaux acquis durant PASTOFUTUR  s'organisent autour des dimensions suivantes 

Identifier les acteurs et interactions à enjeu autour des activités d'élevage pastoral

Identifier, décrire et analyser des modalités d’interactions structurantes entre pastoralisme et une diversité d’actants humains et non humains, exprimées par les acteurs de l’élevage lors d’entretiens individuels, fait ressortir des  visions différentes du métier d’éleveur ou de berger. A titre d’illustration, deux "modes" contrastés permettent de décrire à grands traits la diversité des postures incarnées par les éleveurs vis-à-vis de la prédation par le loup. 

Des ateliers à destinations des éleveurs et bergers du territoire ont permis de valider, hiérarchiser et qualifier ces interactions du point de vue des acteurs de l’élevage. Des points de convergence apparaissent, comme la difficulté partagée à pâturer en forêt, mais une diversité de points de vue est exprimée sur d'autres thèmes. Par exemple,  la relation à la flore protégée est exprimée de manière positive par certains  quand d’autres y voient une contrainte complexe à intégrer dans la gestion du troupeau.

Caractériser le multiusage sur des espaces mobilisés par les activités pastorales

Deux zooms thématiques ont permis de caractériser des compromis ou modalités d’articulation entre activités pastorales et autres activités, sur des espaces sylvopastoraux et sur des estives fréquentées par des pratiquants d’activités touristiques et récréatives.

Espaces sylvopastoraux : support de pastoralisme et de sylviculture

Les attentes exprimés par les acteurs vis-à-vis des milieux sylvopastoraux sont diverses, chacun priorisant des services écosystémiques spécifiques. Cependant un intérêt partagé pour l’esthétique du paysage pourrait être une porte d’entrée intéressante pour un travail collaboratif futur.  Certains leviers pour une meilleure articulation du multiusage (ex. outils de gestion mutualisée du foncier, soutiens financiers aux opérations de broyage des rémanents ...), intégrant également les enjeux de biodiversité (ex. accords préalables sur les calendriers de pâturage, phasage de travaux ...) ont été identifiés.

Estives : cohabitation élevage et activités touristiques et récréatives

Des entretiens et un atelier participatif font ressortir un constat de profonde crise du socio-écosystème local centré sur la mise en œuvre des mesures de protection des troupeaux associées au retour du loup. Les rapports entre acteurs du territoire semblent modifiés en profondeur, s’accompagnant d’une remise en cause de métiers et d’activités historiques et impactant l’identité collective perçue du territoire.  

Identifier les modalités d'action favorables à la gestion collective des milieux

Lors d'ateliers collectif deux pistes ont émergé i) la volonté de construction d’une image réaliste et attractive du territoire, intégrant mieux les activités en place et communiquant mieux vers un public touristique externe au territoire ; ii) La nécessité de mieux partager l’espace. Ainsi expliquer les raisons des pratiques et règles mises en place, pourrait favoriser leur acceptation et leur respect et donc possiblement susciter des comportements plus adaptés de la part d’une multiplicité d’acteurs.

Développer des outils d'accompagnement à la démarche collective

Un prototype de modèle de multiusage a été développé et permet de visualiser les intersections spatiales entre activités. Ceci ouvre la possibilité à moyen terme de disposer d’un outil d’animation autour de la discussion des règles de mise en œuvre des pratiques et de leur lien aux évolutions du paysage.

Participants

Structures INRAE

• UMR Selmet - Cirad / Institut Agro Montpellier
• UR LESSEM - Laboratoire écosystèmes et sociétés en montagne
• UMR MoÏSA - Montpellier interdisciplinary center on sustainable agri-food systems, social and nutritional sciences
• UMR MIA - Mathématiques et informatique appliquées Paris-Saclay

Partenaire externe

• UMR Sens - Savoirs, Environnement et Sociétés - Cirad